Pianiste virtuose, Rita Saher qui donnait son premier concert à l'âge de 14 ans à Vienne, est aujourd'hui une musicienne de renommée internationale. Entretien inspiré avec une artiste d'une rare aura.
e-taqafa : Originaire de Casablanca, vous vivez et travaillez à Paris. Quel lien entretenez-vous avec le Maroc ?
Rita Saher : Le lien qui me rattache à ma patrie le Maroc est aussi fort que celui qui me lie à mes parents : un lien indéfectible et viscéral. Nous pouvons partir très loin, construire une vie hors de notre terre natale, il restera dès lors cette magie et l'espoir d'un heureux avenir qui forge et construit chaque enfant que nous étions. Ce sont ces souvenirs que je retrouve lorsque je rentre au Maroc, et j'en repars pétrie de cette énergie et de cette sérénité que seuls, votre foyer, vos racines peuvent vous apporter.
e-taqafa : Vous avez joué au Maroc il y a deux ans lors du concert événement à Rabat, avec l'Orchestre de Pau, sous la direction du chef d'orchestre, Fayçal Karoui, ex-chef d'orchestre du New-York Artistic Ballet et de l'Orchestre Lamoureux. Qu'en retenez-vous ?
Rita Saher : Ce sont de beaux moments, qui dépassent le lieu où vous pouvez jouer et procurent une vraie satisfaction. Et la fierté de représenter le Maroc sur la scène internationale mais finalement le grand talent d'un artiste tient à la persévérance et à la patience qu'il porte à son art. Jouer avec Fayçal Karoui et son orchestre, a été l'un des plus beaux moments de partage musical. Ce qui me touche d'emblée, et me donne le courage d’affronter chaque jour des heures de solitude face à mon instrument, reste le pouvoir miraculeux de la musique : rassembler autour d'une valeur humaniste, car à l'issue d'un concert de Cantates de BACH, vous avez envie de tout sauf de blesser votre semblable.
e-taqafa : Quels compositeurs vous touchent et pourquoi ?
Rita Saher : Tout compositeur vous touche selon votre état d'esprit mais demeurent des inconditionnels. Bach, me porte à cette impossibilité par moments, à écouter ses œuvres tant il me plonge dans une dimension profonde. Difficile de s'en remettre les minutes qui suivent et continuer à vivre avec insouciance. Quant à Mozart, il me touche personnellement et ouvre la porte d'un paradis perdu : l'enfance. Il ravive l'enfant en soi, pur, dénué de perversion. La musique espagnole, dont Albeniz, Granados et Falla, me rappelle le Maroc, la musique andalouse, des mélodies orientales et sensuelles.
Propos recueillis par Fouzia Marouf