Les plus anciennes mentions de la ville de Noul Lamta sont rapportées par AI- Yaqoubi au III/IXe siècle et Ibn Hawqal au IV/Xe siècle. Noul Lamta est une place vitale de la route transsaharienne longeant la côte atlantique entre le Maroc et la Mauritanie. Sous les Almoravides, Noul Lamta est un carrefour traversé par les deux itinéraires entre le Sous al-Aqsa et le Soudan occidental, celui partant de Silli en passant par Takrour et Aoulil et l'autre du Soudan occidental par Ouaddan et as-Saguia al-Hamra. Noul profite de circonstances favorables liées à la sécurité, devient prospère et se dote d'un atelier pour la frappe de monnaie. Le géographe Al-Bakri rapporte que, pour aller de oued Sous à Noul, les caravanes marchent pendant trois jours « à travers un territoire habité par des Guezoula et des Lamta. Noul est située sur l'extrême frontière du pays musulman, là où commence le désert ».
Au VI/XIIe siècle, Noul Lamta exploite les mines de l'Anti-Atlas et les gisements de sel, développe une activité industrielle très intense et accueille un marché très apprécié. Al-Idrissi écrit qu'elle «est une grande ville, peuplée et arrosée par un cours d'eau qui lui vient de l'est (…) . C'est dans cette ville que sont fabriqués les boucliers de Lamta. Rien n'est plus parfait que ces boucliers; rien n'est plus résistant que leur champ d'écu ; rien n'est mieux façonné. Les Maghrébins les utilisent au combat pour leur efficacité défensive et leur poids léger. Dans cette ville, précise-t-il, il y a des gens qui fabriquent des selles, des mors de cheval et des bâts de chameaux. On y vend des vêtements appelés safsariyya et des bournous dont une paire vaut cinquante dinars C ... ). C'est dans cette ville que se rendent les gens de ces régions, pour leurs besoins essentiels et leurs diverses affaires». L'anonyme de l'Istibsar ajoute que la ville exporte ces produits, en particuliers les boucliers, vers «toutes les contrées».
Les Lamta se révoltent en 548/1153 et proclament un certain Mohammed Amergal. Aussitôt, l'armée almohade se met en route, occupe Noul Lamta et saccage les villages et en disperse les tribus. Le commerce transaharien est compromis. Noul semble-être supplantée par la ville de Tagaoust qui occupe le site actuel du village de Laqsabi, à 8km au Sud-ouest de la ville de Goulimim. Tagaoust accapare alors le rôle de la ville déchue et établit des relations commerciales avec les populations du pays de Changuit, du Sénégal et du Niger. En 904/1499 Tagaoust signe un traité avec le royaume de la Boutata et devient une place par laquelle transite une grande part des marchandises soudanaises vers, non seulement le Nord du Maroc mais aussi vers les comptoirs européens. Au début du X/XVIe siècle, les marchands de Tagaoust, aux dires de Léon L'africain, organisent une caravane par an vers Tombouctou et Ouallata ; ils emportent des pièces d'étoffes et importent l'or en poudre, les boucliers, les plumes d'autruches et les esclaves. Son importance s'accroît avec Ahmed AI- Mansour ad-Dahbi qui doit assurer la route qui la traverse et mène jusqu'au Niger où siège le gouverneur saâdien.
AI-Mansour s'y rend alors à plusieurs reprises et son veille sur le devenir en construisant une forteresse dotée de plusieurs canons et une mosquée cathédrale. La phase glorieuse du règne saâdien s'arrête brusquement en 1012/1603. Le Maroc tombe une fois encore dans des querelles entre les prétendants au pouvoir. En 1032/1623, tout le Maroc méridional se révolte contre le Sultan de Marrakech. Sidi -Ali de Tazeroualt profite de l'affaiblissement du Makhzen et s'empare en 1035/1626 de Taroudant et de tout le Sous. Mais pour asseoir son autorité et assurer le maintien de son pouvoir, il étend son fief au Tafilalet, Figuig et au Soudan et fonde un émirat dont la capitale est la ville d'Iligh, au sud-est de Tiznit. Sous son émirat, une caravane de plus de 800 chameaux assure, tous les deux ans, les échanges avec Tombouctou. Elle transporte des draps de laine, de la toile, du sel et des produits européens et revient avec de l'or dont la traite est exclusivement réservée, depuis des décennies, aux émirs de Tazaroualt. lligh monte en puissance alors que Tagaoust s'éclipse, surtout après l'accroissement du rôle du village d’Agoulmim.
Les premières recherches archéologiques sur le site de Noul Lamta et de Tagaoust laissent supposer que ces deux prestigieux sites du commerce caravanier correspondent aux ruines localisées à Asrîr et Tighmart d'une part et à Laqsabi de l'autre. Noul Lamta occupait, probablement, le bassin situé entre les deux villages où se dégagent les vestiges de la Qasba d' Agwaidir. La forteresse est de forme rectangulaire; elle mesure 400m sur 250m et ses courtines étaient renforcées de tours. La muraille nord, la seule encore en place, haute de 3.00m, épaisse de 2.00m et construite en pisé, témoigne de la solidité de la bâtisse. «Les autres côtés étaient construits de brique crue sur base de pierre et ont subi de nombreuses réfections». Les autres courtines Sud, Est et Ouest, sont renforcées d'un fossé et épousent la topographie du site. D'autres vestiges sur les deux rives de l'oued Noun sont ensevelis sous les quartiers du village de Tighramt.
Aux alentours de Laqsabi affleurent les vestiges de Tagaoust. Il s'agit de restes «d'un habitat ancien sous la forme de petits tells où abonde le matériel céramique et où seules quelques lignes de moellons parfois perpendiculaires au fleuve, rendent compte des nombreux entrepôts» que possédait cette agglomération.