Le 28 novembre, la Galerie 38 de Casablanca a inauguré l'exposition rétrospective intitulée « Une vie, une œuvre », dédiée à l'un des artistes les plus influents de la scène artistique marocaine, Mustapha Hafid. La sélection d'œuvres présentée, allant des années 1960 jusqu'à aujourd'hui, permet de retracer son parcours artistique, marqué par une recherche constante de la couleur, de la forme et de l'émotion.
Né en 1937 à Casablanca, Mustapha Hafid est une figure importante de l’art moderne au Maroc. Son œuvre, qui traverse les décennies, se distingue par sa capacité à dialoguer avec les avant-gardes mondiales tout en affirmant un ancrage dans la culture marocaine. Son parcours débute à l'École des Beaux-Arts de Casablanca. Ses premières années d’études sont marquées par une approche classique du dessin et de la composition, sous l’influence de professeurs tels que Verdi et Félix Bellenot. Cette base académique lui permet ensuite d'explorer de nouvelles voies artistiques.
Dans les années 1960, Hafid part pour l'Europe, où il poursuit sa formation à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie. En Pologne, il rencontre l'avant-garde européenne et les théories de l'Unisme, une influence déterminante dans son travail. Sa rencontre avec l'artiste Anna Draus, qui devient sa compagne, joue également un rôle important dans son évolution artistique. Ces années européennes marquent un tournant décisif dans sa carrière, notamment avec sa transition vers l’abstraction en 1966. Cette évolution, loin d’être une rupture, s’inscrit dans une recherche de liberté expressive et d’émotion à travers la couleur et la forme.
Le passage à l’abstraction constitue un moment clé de sa trajectoire artistique. Ses toiles portent l’empreinte de sa quête d’équilibre entre spontanéité et maîtrise. À partir des années 1980, son travail se densifie. La couleur noire, omniprésente, imprègne ses compositions et ajoute une dimension dramatique à ses œuvres. Cette évolution s’inscrit dans un contexte politique et social marqué par de profonds bouleversements, reflétant une maturité artistique qui interroge le rôle de l’art dans un monde en mutation.
L’exposition « Une vie, une œuvre » met en lumière cette évolution. À travers des œuvres emblématiques, les visiteurs sont invités à plonger dans un univers où la couleur est utilisée comme un langage à part entière, capable de transmettre des émotions et des idées bien au-delà de la simple reproduction du monde visible. L’artiste ne cherche pas à imiter la réalité, mais à exprimer son ressenti intime, tout en interrogeant les frontières entre le personnel et l’universel.