Jilali Gharbaoui, né à Jorf El Melha le 10 mai 1929 et décédé à Paris le 8 avril 1971, est un peintre marocain pionnier de l’art abstrait. Il est reconnu pour être l’un des premiers artistes marocains à s’impliquer dans l’art non figuratif, contribuant ainsi à l’émergence de l’art moderne au Maroc.
Orphelin dès son enfance, Gharbaoui perd son père puis sa mère alors qu'il n’a que dix ans. Après avoir été placé dans un orphelinat, il poursuit ses études secondaires à Fès, avant de travailler brièvement comme marchand de journaux. C’est à ce moment qu'il commence à exposer ses dessins, attirant l'attention de Marcel Vicaire, conservateur du musée Batha à Fès. Grâce à ce soutien, il est pris en charge par l’écrivain et directeur des Beaux-Arts, Ahmed Sefrioui, qui lui permet de suivre des cours à l’Académie des arts de Fès. En 1952, il obtient une bourse pour étudier à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il suit des études jusqu’en 1958, avant de fréquenter l'Académie Julian.
Durant ses premières années de formation, Gharbaoui s’inspire de l’impressionnisme, de la peinture néerlandaise et de l’expressionnisme allemand. Cependant, c’est au début des années 1950 qu’il se tourne résolument vers l’abstraction, un choix qui marquera profondément son travail. Son art, caractérisé par une gestuelle expressive et une recherche de lumière et de mouvement, deviendra sa signature.
Gharbaoui continue d'exposer au Maroc, en Europe et aux États-Unis et en 1959, il rejoint le groupe des informels au Salon Comparaisons à Paris. Ses œuvres sont exposés au San Francisco Museum of Modern Art et il reçoit une reconnaissance internationale. Son travail se distingue par une gestualité vibrante, où la couleur et la matière deviennent des éléments essentiels pour exprimer ses états émotionnels et son expérience intérieure.
Malgré ses succès artistiques, Gharbaoui lutte tout au long de sa vie contre ses problèmes personnels. Il vit des périodes difficiles, entre les hôpitaux et les voyages à l’étranger, notamment en Italie et aux Pays-Bas. Il meurt tragiquement à l’âge de 41 ans.
Son art, basé sur l’abstraction, la lumière et le mouvement, fait aujourd’hui partie de nombreuses collections importantes, tant au Maroc qu’à l’international, notamment au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat, au Musée de Grenoble en France et au Musée Mathaf au Qatar. Gharbaoui est aujourd'hui considéré comme un pionnier de l'art moderne marocain, ayant su s’affranchir des traditions géométriques du pays pour offrir une œuvre profondément marquée par les tensions culturelles et artistiques de son époque.