Saad Mabrouk, ou « Le Child », s’est épris des arts de la scène depuis son jeune âge. Son intérêt artistique s’est graduellement accru grâce à sa personnalité extravertie et à son tact. Deux traits de caractère qui lui ont permis de se défausser du poids du quotidien et des partis pris de ses pairs quand il était adolescent. Après avoir investi les planches de plusieurs établissements culturels et festivals, l’humoriste entend entamer une nouvelle trajectoire qu’il souhaite parcourir jusqu’au bout.
E-taqafa : Parlez-nous de votre parcours.
Saad Mabrouk : Je pense avoir vécu deux parcours de vie parallèles. D’un côté, je suis passé par une phase qui témoigne de l’élève studieux et engagé que j’étais, celui qui restait souvent à l’affût de quelques bonnes notes, qui participait aux projets associatifs et qui allait s’embarquer dans une aventure périlleuse en sciences mathématiques, puis en mathématiques-informatique pendant deux ans. Ce parcours a connu plus de cinq déménagements entre le Maroc et la France. Ce qui signifie que j’ai vécu dans plusieurs villes, que j’ai étudié dans plusieurs établissements scolaires, que j’ai eu plusieurs cercles d’amis, etc. Je pense que cet ensemble de facteurs, en plus du fait que mes parents avaient un penchant pour l’art, m’a permis de développer une passion pour la blague. C’est grâce à l’inclinaison qu’avaient mes parents pour les arts, que j’ai pu suivre des cours de solfège, investir les planches du théâtre et suivre des cours de vidéographie et du montage.
E-taqafa : qu’est-ce qui a nourri votre passion pour l’humour ?
Saad Mabrouk : J'ai l'impression que l'humour a sauvé une bonne partie de ma jeunesse. Je dépassais cette phase de "nouveau venu" après chaque déménagement à travers la blague et le fait d'accepter de rire de moi, mais également parce que j’avais une bonne répartie. De la période s’étalant de 2013 à 2018, lors des master class avec Oscar Sisto, j'ai réussi à trouver le côté technique du stand up, comme par exemple les mouvements sur scène, la musicalité du texte et le rayonnement de chaque mot. J'ai poursuivi l’aventure en réalisant, en autoproduction, mon premier spectacle "Wahed Man Show". Cette expérience m’a permis de peaufiner mon style de jeu qui allie aujourd'hui sketchs, personnages et improvisation auprès du public. Cet univers de l’humour se nourrit par le fait qu'il m'apporte un apprentissage continu, un bonheur à chaque fois et le plaisir de croiser le visage des gens qui éclatent de rire. Cela procure une sensation transcendante !
E-taqafa : Comment arrivez-vous à concilier activité professionnelle et passion ?
Saad Mabrouk : J'ai la chance de porter trois casquettes professionnelles qui convergent vers la créativité. Je travaille dans les métiers de la communication à titre de ‘creative manager’, aussi en tant que ‘coach/conférencier’ et ‘humoriste/metteur en scène’. Toutes les trois exigent à la fois d'apprendre en continu, de créer de nouvelles façons de faire passer le message, d’être en contact avec de nouvelles personnes, et surtout d’écouter et se faire écouter. Puis vient le côté humour qui, après mon expérience, rend tout cela plus facile à exercer comme il a un pouvoir fédérateur et pédagogique.
E-taqafa : Comment s’est imposé le choix du français dans vos sketchs ?
Saad Mabrouk : J'ai naturellement adopté la francophonie. Quand j'ai compris que le stand-up répondait à une règle d'or : s'exercer au point de retrouver aisément son naturel sur scène. Les premiers à m'avoir inspiré sont francophones, je parle cette langue au quotidien au boulot, et même en famille. Ajoutons à cela que l’animation des spectacles de rire francophones au Maroc, offre une splendide occasion de placer des mots en darija, voire de décrire notre quotidien autrement. Puis, c'est en pratiquant de cette façon le stand-up que je me suis aperçu que le choix de la langue formait une passerelle culturelle du continent africain vers l'Europe. Cela ne peut être qu’une belle opportunité de faire rayonner à la fois notre histoire et nos codes culturels.
E-taqafa : Vous intéressez-vous à une thématique spécifique ?
Saad Mabrouk : Je n'ai pas l'intention de me concentrer sur une thématique spécifique. L'humour est pour moi un outil de développement personnel, que j'utilise en séance de coaching, en formation et aussi lors de mes cours de stand-up. C’est pour moi une façon de voir le monde différemment, car il me permet de prendre du recul par rapport à mon quotidien. C'est en étant à l'écoute des autres et au fait de ce qui se passe devant nous que nous nous offrons ce cadeau de "rendre les choses drôles. Il n’y a pas de raison donc à ce je m’en prive.
E-taqafa : Vous avez récemment participé au Festival Afrique du rire. Dans quelle ambiance s’est déroulé votre spectacle ?
Saad Mabrouk : Comme à chaque édition, cette troisième participation s'est déroulée dans les meilleures conditions. Beaucoup de rires en équipe, une préparation technique et des répétitions rigoureuses en amont et surtout un esprit familial du début jusqu'à la fin.