Frondeur, né sous l'impulsion de l'Association du Bouregreg soutenant cet événement depuis sa création, le 11e Festival International du Film de Femmes de Salé fait la part belle à des premiers films traitant de la condition féminine. Signe d'un 7e art indépendant, affichant une belle vitalité pour le continent, ces opus concourront en compétition officielle du 25 au 30 septembre au cinéma Hollywood de Salé.
Fidèle à sa veine de défricheur, qui défend un cinéma d'auteur indépendant, sous le prisme de la femme, FIFS de Salé, réunira la profession, la critique et surtout le public, à l'engouement jamais démenti. « C'est un signe fort de soutien à ce festival événement, la présence du public qui nous garde intérêt et fidélité», souligne Abdellatif Laassadi, Directeur du FIFS. A la lumière de cette 11e édition, les Slaouis sont impatients de découvrir la programmation riche, diversifié qui consacre cette année des longs-métrages, des regards croisés, issus du Maghreb, d'Afrique et d'Asie. « Une majorité de premiers films signés par des réalisatrices, beaucoup de récits initiatiques, d'apprentissage, d'où un nombre important de films axés sur des personnages très jeunes » précise Hicham Falah, directeur artistique du FIFS.
Le pays invité d'honneur est la Turquie, le jury composé de sept professionnelles du 7e art sera présidé par la réalisatrice Dominique Cabrera, entourée notamment de la comédienne marocaine Saadia Ladib et de Souad Houssein, qui œuvre activement depuis de longues années au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie en faveur des cinémas et des cinéastes africains.
Si la condition féminine est aux prises avec des situations peu enviables à travers le monde, ses évolutions restent cependant, porteuses d'espoir. Des films tournés vers les relations mères-filles plus que le thème de la maternité tiendront le haut de l'affiche, inspirés de zones géographiques particulièrement dynamiques comme la péninsule ibérique, les Balkans, l'Amérique du sud. « Des styles de mise en scène très affirmés et même une vraie comédie ! « Oh Lucy » de Atsuko Hirayanagi », souligne Hicham Falah. Autre pépite prévue au menu de cette programmation, sortie tout droit des studios japonais.
Belle vigueur du cinéma-vérité
Côté compétition internationale, le Maroc sera représenté par "Le clair obscur" de Khaoula Benomar, l'Afrique subsaharienne par deux films africains très différents dans leur manière d'aborder la pérennité des traditions dans nos sociétés modernes, sous un regard doux dans« Zin’naariyâ ! » (L’alliance d’or) de la Nigérienne Rahmatou Keïta et plus mordant pour « I am not a witch » de la Zambienne Rungano Nyoni. Multiplication des tournages internationaux au Maroc, même embellie de la production en Egypte, au Nigeria, en Afrique du Sud, audace et vitalité de jeunes réalisateurs qui s'emparent de sujets brûlants, témoins, « Le Caire Confidentiel », thriller magistral de Tarik Saleh, sur fond de Printemps arabe tourné dans la métropole casablancaise (actuellement à l'affiche en France où il connaît un succès critique dithyrambique) ou encore « Wullu », excellent polar malien de Douda Coulibaly... peut-on parler dès lors, d'une identité cinématographique arabo-africaine en marche ? « Non. Mais ce n'est pas un problème en soi car il n'existe pas plus d'identité cinématographique méditerranéenne, scandinave ou caribéenne. Par contre, le cloisonnement entre les différentes zones d'influence linguistique et économique reste fort. Les films d'Afrique francophone circulent très peu chez leurs voisins anglophones et inversement. Plus généralement, concernant la production audiovisuelle, comme partout ailleurs, ce sont les séries qui sont consommées massivement par le grand public de notre continent, qu'elles viennent du Nigeria, de Côte d'Ivoire ou d'Egypte, avec des codes très différents des séries anglo-saxonnes ou américaines très écrites et très documentées » déclare sans ambages, Hicham Falah. Autres jalons qui ponctueront le FIFFS : hommages, master class, ateliers de réalisation, débats... Force est de constater que la ligne de la programmation, met en exergue au fil des récits: leurs formes surtout, mais aussi leurs conditions de production, la puissance de la création documentaire où dans nombre de pays, du Nord au Sud, les réalisatrices sont majoritaires. Gageons, que les Slaouis vont vibrer au rythme de ces œuvres porteuses de justice et de bien, couplant réalité âpre et nouvelles lignes narratives au nom de la femme.