Zahra al-Fassia est une chanteuse et poétesse marocaine, elle fait partie de la toute première génération de « chikhates ».
Née en 1905 à Séfrou, Zahra al-Fassia a vu le jour au sein d’une famille juive de condition sociale modeste et amoureuse de l’art et du chant. La période durant laquelle elle commença à chanter était très discriminatoire, car la société de l’époque considérait l’accès des femmes au monde de l’art comme une infamie.
Mais malgré cela, Zahra est l’une des plus anciennes voix juives marocaines à avoir enregistré ses premières chansons dans les années 20 du siècle dernier, auprès de grandes enseignes de l’époque telles que Pathé et Gramophone. Le surnom Al-Fassia lui vient du fait qu’elle a vécu une grande partie de sa vie dans la ville de Fès, où son parcours artistique a démarré.
Zahra al Fassiya est célèbre dès les années 1930, et devient une légende marocaine, une artiste admirée autant par les musulmans que par les juifs. Elle est la première femme marocaine à écrire et à composer des chansons puis à les chanter en public, ce qui fut un vrai exploit pour les mœurs de l’époque. Zahra fait partie de la toute première génération de « chikhates » qui ont construit leur carrière musicale, en forçant l’admiration par leur liberté de ton et d’audace.
La célébrité de Zahra El Fassia lui vient de sa maîtrise du Malhoun en plus du Ch’gouri, du Ghranati, du Tlemçani et du Chaabi. Elle est devenue célèbre grâce à la chanson « Hbibi Diyali Fin Howa » (Où est-il, mon chéri ?) que de nombreuses voix ont reprise après elle. Ses chansons célèbres, comme « Hak a Mamma », perdurent encore dans le répertoire musical marocain.
Après un premier mariage durant lequel elle a eu deux enfants, Zahra quitte Fès pour Rabat dans les années 1940, pour un deuxième mariage avec un célèbre marchand juif de la capitale. Mais c’est dans la vieille ville de Casablanca, sur le boulevard « Boutouil », où elle se construit une réputation auprès des familles bourgeoises casablancaises dont elle animait les mariages, les fêtes et les occasions spéciales.
Au début des années 60, Zahra El Fassia a émigré en France puis en Israël. Elle a vécu dans la petite ville d’Ashkelon jusqu’à son décès en 1994. Avant de rendre l’âme, l’artiste avait été oubliée de la scène artistique durant de nombreuses années, jusqu’à ce que la chanteuse israélienne Neta Elkayam ne la remette sous les feux, dans l’optique de sauvegarder le patrimoine artistique juif sépharade de la dominance culturelle ashkénaze en Israël.
Un hommage posthume fut dédié à Zahra al-Fassia en 2009 dans son pays natal, lors du festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira.