Les gravures rupestres sont plus proches de lui que les peintures de Michel- Ange. Maoual s’identifie à un rhinocéros dont la corne lui rappelle l’outil du graveur. Ce rhinocéros qui évoquejoie et tristesse, souffrance et repos à travers les signes qui s’entremêlent, les postures des corps et l’apparence inquiétante de certains animaux qui appellent mille et une interprétations et suscitent quelques interrogations.
Sa démarche se veut une retrouvaille entre gravure, peinture et sculpture. Multiples Unique est une exposition de gravures qui oscillent entre matrices et impressions selon les techniques de la gravure taille douce.
Bien qu’il soit inscrit dans l’universel, Maoual a maintenu un attachement à la fois sincère et brutal à ses origines, à ce monde perdu.
e-taqafa : « Multiples Unique » pourquoi ce titre ?
Maoual : Ce titre est en rapport avec ma démarche, je me sers d'un médium spécifique pour faire du multiple, une gravure taille douce. Je me contente d'un tirage unique qui est complémentaire de la matrice. Je présente les deux qui deviennent une œuvre unique.
e-taqafa : Comment êtes-vous devenu un rhinocéros ?
Maoual : J’adore la métaphore du rhinocéros et notamment sa corne en pointe qui évoque un outil de graveur, donc rappelle d’une certaine manière ce rapport à l'image (la peinture sur toile tendue sur un châssis), qui ne fait pas partie de notre culture, ce mode de représentation est arrivé avec le colonialisme. En plus, c'est un animal attachant en voie de disparition.
e-taqafa : A 23 ans, vous avez choisi les gravures « pour pouvoir les rouler et retourner au Maroc », et à présent ?
Maoual : En fait le travail sur papier présente la légèreté dans les déplacements, un peu comme les bagages des nomades. Ils sont toujours prêts à changer de lieux et de destinations.
e-taqafa : Cette expositionprésente desgravures uniquement ?
Maoual : Oui, uniquement je ne fais que des gravures actuellement, la matrice qui est l'image et l'impression sur papier qui est le reflet, ou l'image de l'image.
e-taqafa : L’art rupestre est un mélange de gravure et de peinture, est-ce votre démarche ?
Maoual : En fait l'histoire avec l'art rupestre a commencé d'un côté avec la gravure pariétale sur la roche en plein air aussi bien dans le parc du Mercantour (Mont Bégo) que dans le vaste désert du Tassili n'Ajjer ou sur les roches de l'Atlas. Je peins aussi mais pas sur toile tendue sur châssis, je fais aussi des objets en volume .Cette exposition ne contient que des matrices en métal, essentiellement des plaques de réfrigérateurs, micro -ondes et autres lave- vaisselles, imprimées sur des papiers de différents formats. Ma démarche est expliquée dans le texte accompagnant cet ouvrage.
e-taqafa : Pourquoi privilégiez –vous la technique « empreinte sur papier » et en quoi consiste-t-elle ?
Maoual : Cette technique, issue de la gravure taille douce, consiste à faire une image sur une plaque métallique et l'imprimer sur papier à l'aide d'une presse à bras. Je me suis approprié ce médium pour m'exprimer comme d'autres ont choisi la peinture, la vidéo ou tout autres médiums d'expression plastique.
e-taqafa : D’où viennent ces personnages dans vos travaux ?
Maoual : Ces personnages sont dans notre mémoire picturale collective, une gravure rupestre est plus proche de moi qu'une peinture de Giotto, Léonard de Vinci ou Michel ange, à laquelle j'oppose des images populaires et logos de mon entourage immédiat,(publicité, télé, etc..).
e-taqafa : L’art pour vous est une aventure, une découverte de nouvelles techniques ou une catharsis de vos émotions ?
Maoual : C’est un peu tout ça (rires).
e-taqafa : Vous avez choisi la Terre, votre élément. Serait-il un besoin de sa terre d’origine ?
Maoual : Oui, c'est la recherche continue d'un monde perdu, une quête des origines.
e-taqafa : Que représente pour vous cette expérience à l’Espace Rivages ?
Maoual : Je vois cette exposition comme une expérience enrichissante pour montrer mon travail au public de Rabat.
Propos recueillis par Fatiha Amellouk pour e-taqafa.ma