En 1983, son baccalauréat en poche, Jamal Hammami décide de poursuivre des études de photographie à Bruxelles. Cette décision radicale, aux yeux des autres, était pour lui un choix réfléchi. La pratique de la photographie artistique, balbutiante encore à l’époque est quasi inexistante sur la scène plastique marocaine. Hammami estime qu’elle mérite d’être élevée au rang du grand art et que pour bien la pratiquer, le futur artiste photographe se doit d’avoir une formation académique et étudier l’histoire et les techniques de la photographie. Et comme le pianiste qui souhaite devenir virtuose et qui commence par l’apprentissage du solfège puis, toute sa vie, il fera tous les jours des gammes pour se perfectionner.
Alors Hammami n’hésite pas un seul instant et dès son arrivée en Belgique, il intègre la section photographie à l’école supérieure des arts de l’image (LE 75) à Bruxelles. En 1988, il obtient son diplôme à la suite de la présentation devant un jury professionnel de son premier porte folio consacré à ses voyages au Maroc.
Souhaitant compléter et approfondir sa formation artistique, après sa formation aux techniques de l’image, Hammami s’inscrit à l’école de photographie de la ville de Bruxelles actuellement École Agnès Varda.
Photographe itinérant, Hammami voyage pour photographier et ramène de ses pérégrinations des moissons d’images non seulement de caractère documentaire mais des photographies marquées du sceau de la créativité autant dans la recherche du sujet que dans ses cadrages et ses éclairages. Son style ne cessera de s’affiner avec le temps et au gré de ses voyages.
Il promène son oeil photographique du Maroc aux USA en parcourant l’Andalousie ainsi que plusieurs pays d’Europe. Que se soit en noir et blanc ou en couleurs, Hammami porte toujours ce même regard toujours tendre sur les hommes et les lieux photographiés. Il ne vole nullement les l’images mais à vrai dire, il se contente, avec maestria, en saisir la lumière, en restituer l’atmosphère et la magie des lieux et capter sur pellicule l’émotion qui s’en dégage.
Cette exposition, sa première dans la capitale du Royaume, qu’accueille la galerie Rivages à Rabat, témoigne de la singularité et l’originalité de son regard sur le Maroc, terre des lumières, auquel Jamal Hammami demeure si attaché. Pour preuve, il est fort probable que dans chaque photographie, le regardeur sentira ce sincère attachement du photographe à la lumière et à la population de son pays. Il y décèlera aussi cette profondeur des liens que seul le regard du photographe esthète, formé au langage de la lumière et au vocabulaire de l’oeil, sait restituer avec ardeur, acuité et profondeur, et coup d’œil.
Abderrazak Benchaâbane
Bruxelles, novembre 2024