Maha Zahid

Pianiste

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« Ce que je redoute c'est que la machine ne se remette pas en route à la rentrée »

Pianiste marocaine, elle séduit Paris de par sa technique et sa maitrise de son instrument. Gracieuse, Maha Zahid a un toucher plein de sagesse, elle qui est tombée amoureuse de Beethoven très jeune. Rencontre avec une musicienne de talent.

 

e-taqafa :  Comment avez -vous vécu le confinement ?

Maha Zahid : Cela pourrait paraître bizarre, mais je l’ai bien vécu. J'en ai profité pour travailler mon piano, déchiffrer des nouvelles œuvres, écouter de la musique mais aussi cuisiner. 

 

e-taqafa : Quelle était  votre routine ?

Maha Zahid : il n’y avait pas de routine pour moi. Je sais que je vais travailler mon piano à un moment de la journée, mais je ne fixe pas d'heure. C'est quand ça vient.

 

e-taqafa : Comment est née la passion du piano?

Maha Zahid : J'ai commencé le piano à l'âge de 6 ans au conservatoire de Casablanca. Je suivais dans ce même conservatoire des cours de danse, de peinture, de théâtre et de sculpture.

Au début, le piano faisait partie de toutes ces activités mais à l'âge de 11 ans j'ai eu accès à YouTube pour la première fois. J'ai mis en recherche Beethoven et j’ai écouté le troisième mouvement de la sonate Clair de lune interprété par Glenn Gould. Le temps s’était arrêté. Je crois qu'à partir de ce jour-là ma passion pour le piano était née.

 

e-taqafa : Qui sont vos Inspirations ?

Maha Zahid : Ma réponse changera sûrement dans quelques années si ce n'est dans quelques mois ... Pour les compositeurs Robert Schumann et Franz Schubert sans aucune hésitation. Pour les interprètes Maurizio Pollini pour son incroyable répertoire qui va de Bach à Ligeti, et pendant le confinement j'ai découvert Jonas Kaufman dans les Amours du poète de Robert Schumann.

 

e-taqafa : Quel est le premier morceau de piano que vous avez joué ?

Maha Zahid : Sûrement un petit exercice du recueil les maîtres du piano.

 

e-taqafa :  Pourquoi vous êtes- vous orientée vers la musicologie ?

Maha Zahid : Pour deux raisons distinctes. La première est mon intérêt pour tout ce qui se cache derrière une musique. C'est à dire tout le chemin qu'à parcouru une musique avant sa création. Sa construction, son histoire, son analyse, son architecture.

La musicologie permet d'étudier également plusieurs autres domaines qui peuvent se rapprocher de la musique, notamment la philosophie, les mathématiques, la littérature... Je pense aux cours sur Spinoza, Deleuze, Duchamp, Mallarmé pour n'en citer que quelques uns.

 

e-taqafa : Comment le confinement a changé votre vision de la vie ? de la création ?

Maha Zahid : Je dirai que ma vision n'a pas changé.

 

e-taqafa : En tant qu'artiste, quelle est votre situation aujourd'hui et que redoutez -vous?

Maha Zahid : Aujourd'hui tous mes récitals prévus au Maroc et en France sont annulés. J'ai eu la chance d'avoir un petit boulot à temps partiel qui m'a permis d'avoir un revenu fixe durant toute cette période en étant en télé travail. Ce que je redoute c'est que la machine ne se remette pas en route à la rentrée pour les organisateurs de concerts mais également les organisateurs de concours car j'espère pouvoir en passer l'an prochain. 

 

e-taqafa :Quelles leçons tirées de cette crise sanitaire ?

Maha Zahid : Se battre pour pouvoir faire de sa passion,  ses études et son métier. En cette période, se retrouver à faire un boulot qu'on n’aime pas ne doit pas être facile.