Le Maroc restera ma terre d’inspiration

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Artiste peintre et sculpteur, Samir Belhaouss est autodidacte. Densité, diversité et richesse de la palette sont les maîtres mots qui définissent sa création. Des signes avec ou sans sens envahissent ses tableaux pour susciter une certaine curiosité et quelques interrogations. L’ordre de la surface plane du tableau est sans cesse décomposé, sans renoncer à ce mouvement dynamique qui lie l’ensemble des éléments. Il crée librement au gré de son inspiration et de son imagination.

Les sculptures sont conçues par taille directe ou par assemblage en se basant sur des souches d’arbres sèches et autres matériaux végétaux. Leurs formes oscillent entre des lignes abstraites et d’autres qui laissent voir des silhouettes, thème cher à l’artiste.

 

e-taqafa : Comment êtes-vous venu à l’art ?

Samir Belhaouass : Depuis mon enfance, je vis en contact permanent avec la forêt de la charmante ville de Ben Slimane, puisque je vivais avec ma famille juste à côté. J’y jouais tout le temps en créant des jouets avec la terre, les branches d’arbres et les pierres… ce furent les premières découvertes de la matière et des couleurs qui sont dans la nature. Comme disait Victor Hugo : « L’art c’est l’homme ajouté à la nature ».

 

e-taqafa : Pourquoi ce choix de densité dans les tableaux ?

Samir Belhaouass : Ce n’est pas un choix, tout dépend de l’inspiration et de l’imagination qui est le reflet de l’état d’âme. Oui, mes premiers tableaux étaient denses parce que quand on est jeune on a beaucoup d’idées qui se bousculent dans notre imaginaire, mais, avec le temps et l’expérience les tableaux et les sculptures sont devenus épurés.

 

e-taqafa : La diversité des formes et des couleurs dans vos créations est apparente, est-ce voulu ?

Samir Belhaouass : La diversité n’est pas voulue ; mais quand on a  l’imagination fertile on ne peut plus s’arrêter de créer. Car l’artiste s’inspire « de partout et de nulle part...! », et c’est ce qui enrichit la diversité. Et comme l’avait dit Albert Camus : « De toutes les écoles de la patience et de la lucidité, la création est la plus efficace… ».

 

e-taqafa : Les signes omniprésents dans vos tableaux ont-ils un sens ?

Samir Belhaouass : La plupart des signes sont imaginaires, mais quelques-uns sont inspirés du Tifinagh qui signifie : la liberté, la paix et l’amour. La spirale par exemple signifie pour moi la vie et la mort ; parce qu’elle commence par un point, elle grandit puis elle s’arrête à la fin de la spirale.

 

e-taqafa : Comment parvenez-vous à créer un mouvement dans vos toiles ?

Samir Belhaouass : Dès que je mélange les couleurs et j’attaque la toile, je me sens dans un état d’hypnose et le mouvement jaillit tout seul ...!

 

e-taqafa : Comment expliquez-vous l’ubiquité des silhouettes dans vos sculptures ?

Samir Belhaouass : Dès que je découvre une souche d’arbre sèche, je la déracine. Si des formes abstraites qui rappellent des silhouettes se trouvent sur sa surface, je les taille pour les faire apparaître sinon je fais un assemblage avec des racines ou des morceaux de bois pour créer des silhouettes. Pour moi, ces silhouettes sont la représentation de l’être humain, ils sont les passants. Elles marquent notre passage éphémère dans la vie.

 

e-taqafa : Vos sculptures ont-elles d’autres thèmes ?

Samir Belhaouass : Non, mes sculptures n’ont pas d’autres thèmes précis, car j’essaie de travailler librement sur la forme brute de la souche.

 

e-taqafa : Êtes-vous influencé par la culture marocaine ?

Samir Belhaouass : Bien-sûr, je suis très influencé par ma culture d’origine ;  pour moi, le Maroc est un grand musée à ciel ouvert, et ce musée il faut lui donner  la vraie valeur qu’il mérite. C’est pour cela d’ailleurs que j’ai intitulé mon exposition : « Le Maroc, terre d’inspiration… ».

 

e-taqafa : Qu’en est-il de celle du pays de résidence ?

Samir Belhaouass : Je constate qu’il y a une grande ressemblance et je dirais même une fusion entre la culture marocaine et la culture espagnole ; par exemple : plus de 2500 mots espagnols viennent directement de la langue arabe. L’influence et la diversité des deux cultures sur mon inspiration sont d’une grande utilité et richesse.

 

e-taqafa : Que représente pour vous cette exposition à l’Espace Rivages ?

Samir Belhaouass : C’est un grand plaisir et un grand honneur pour moi de présenter cette exposition pour la première fois à Rabat ville lumière. Je remercie beaucoup toute l’équipe de l’espace Rivages de la Fondation Hassan II pour les MRE qui ont organisé cette exposition, pour leur professionnalisme. Le Maroc restera pour toujours ma terre d’inspiration… Je termine cet entretien par une citation de Guillaume Apollinaire que j’aime beaucoup « L’artiste doit : embrasser d’un seul coup d’œil le passé, le présent, et l’avenir… ».

 

Propos recueillis par Fatiha Amellouk