Abu Abdullah Muhammad Ibn Battuta, connu par le nom Ibn Battuta, est né à Tanger en 1304 dans une famille lettrée amazighe sous la dynastie Marinide. Il fait des études de droit coranique et quitte Tanger dans le but de faire son Hajj en 1325.
L’usage de la langue arabe et l’expansion de l’Islam ont facilité grandement ses déplacements. Ibn Battuta profite également du développement du commerce puisqu'il se joint souvent à des caravanes, ou embarque sur des vaisseaux marchands musulmans. Il rencontre de nombreuses personnalités et devient souvent leur conseiller lors de ses longs périples.
Entre 1325 et 1354, il sillonna près de 120 000 kilomètres répartis de Tombouctou en Afrique de l'Ouest à l'ancien territoire du Khanat bulgare, et de Quanzhou en Extrême-Orient à Tanger. Les distances qu'il a parcouru au travers de ses pèlerinages et de ses voyages au sein des caravanes de marchand, dépassent largement celles effectuées par d'autres explorateurs presque contemporains, y compris le célèbre Marco Polo.
On peut distinguer quatre périodes dans les voyages d’Ibn Battuta. De 1325 à 1327, il fait son 1er pèlerinage à La Mecque par le Maghreb, exploration de la vallée du Nil, de la Syrie, de l'Irak et des villes d'Iran. De 1328 à 1330, il entreprend son 2ème pèlerinage à La Mecque en passant par les côtes du sud de la péninsule arabique jusqu'à Kilwa Kisiwani et sur les côtes africaines de culture swahilie. De 1330 à 1346, son 3ème pèlerinage à La Mecque le conduit à faire l’exploration de l'Anatolie, la mer Noire, l'Asie centrale, l'Inde, Ceylan, Sumatra, la Malaisie et la Chine jusqu'à Pékin. Enfin de 1349 à 1354, il fait la traversée du Sahara jusqu'au Mali.
C'est à l'instigation du souverain du Maroc Abu Inan Faris, qu'Ibn Battuta dicta à la fin de ses trente années d'exploration en 1354, le compte-rendu de ses voyages à Ibn Juzayy, un érudit rencontré à Grenade. Le titre complet du manuscrit est : « Un cadeau pour ceux qui contemplent les splendeurs des cités et les merveilles des voyages », mais son nom courant est « Les voyages ». Ouvrage qui est resté connu uniquement du monde musulman jusqu’au XIXe siècle. Il a été traduit par la suite en allemand, puis en anglais et en français.
Dans ses récits de voyages, Ibn Battuta nous donne des informations sur sa vie. On apprend ainsi qu’il a épousé et répudié un nombre important de femmes, et en avoir pris un nombre encore plus important comme concubines. On sait aussi qu’il a mené une vie de courtisan, subsistant avec les grâces que lui apportaient les puissants des pays qu’il visitait.
On comprend aussi l’importance de la religion dans son périple, car Ibn Battuta était avant tout un voyageur musulman. A l’exception de son étape en Chine, Ibn Battuta a toujours été en contact avec des populations musulmanes, ou au moins des populations non-musulmanes mais dirigées par des souverains musulmans.
Les écrits d’Ibn Battûta ont été largement étudiés par les géographes, les ethnologues et les historiens. Pour certaines régions du monde, notamment pour le Mali et la côte Est de l’Afrique, ses écrits sont les seules sources dont nous disposons pour le XIVe siècle. Pour certaines descriptions de villes, il a copié les descriptions d’Ibn Jubbayr, ce qui à l’époque était pratique courante et reflétait plus une grande érudition qu’un plagiat.
Les chroniques d’Ibn Battuta offrent à la fois la vision du souverain et des gouvernés sur leur société, ce qui rend le récit particulièrement intéressant pour le lecteur. Elles révélent des détails, des anecdotes, des histoires sur le monde du premier XIVe siècle, juste avant que la peste noire ravage les sociétés européennes, méditerranéennes et asiatiques.
Ibn Battuta a ainsi participé à influencer le renouveau culturel, scientifique, philosophique et artistique en Europe, plus communément appelé la Renaissance.