Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira a joué une nouvelle partition lors de sa 19e édition du 12 au 15 mai. Compositeurs, musiciens et maîtres incontestables du jazz ont été convoqués aux côtés de figures immanquables Gnaoua puisant dans les racines d'une musique commune au confluent de l'Afrique. Eclairage.
Voici une alliance de sons exceptionnels qui a le génie intense de rassembler et sensibiliser les publics : une fusion gnaoua-jazz. Après avoir gravi les sommets du succès en terme de fréquentation et de tête d'affiche au fil des dernières années, le 19e Festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira a réuni un plateau exceptionnel autour des plus grands phénomènes de la scène jazzy en duos pertinents avec les intenses voix Gnaoua.
C'est du côté de notes mâtinées d'Afrique envoutantes que tous les fans incontestés de cet événement se sont retrouvés d'une seule voix pour une thématique plurielle: « Nous avons toujours défendu l'ancrage africain du Maroc à travers cette culture. Il y a 20 ans, on ne nous prenait pas vraiment au sérieux, Gnaoua, Essaouira, l'Afrique, ne résonnaient pas. Aujourd'hui, les événements viennent confirmer que tout cela a du sens. C'est bien pour cela qu'avec le Conseil National des Droits de l'Homme nous consacrons notre forum à l'Afrique pour la 3e année consécutive » a déclaré sans ambages à quelques jours de la programmation, Neila Tazi, productrice du festival.
Concerts-hommages
Cette 19e édition a dès lors, célébré la mémoire et le talent des anciens, à travers un vibrant hommage à Tayeb Saddiki, suivi d'un concert rendu à l'intemporel Mahmoud Guinéa pour une performance mémorable. La poésie s'est poursuivie avec un autre concert rappelant le célèbre percussionniste sénégalais Doudou N'Diaye Rose alias « Le magicien des rythmes », au cours duquel, Mokhtar Guinéa a été rejoint sur scène par la remarquable Rachida Talal face à un auditoire touché et ému.
Le jazz à l'état pur
Véritable virtuose, Randy Weston, qui s'est frotté le premier à la fusion gnaoua-jazz aux côtés de Maâlem Abdallah El Gourd, compose depuis 60 ans un jus mâtiné de couleurs afro-américaine unique et a notamment joué aux côtés de Duke Ellington, était également de la partie, chaleureusement accueilli par les foules. Autre succès de cette nouvelle édition, le concert-événement de Jamaaladeen Tacuma, bassiste célèbre jazz-funk qui s'est de plus, produit avec Carlos Santana. Enfants incontestables de la musique au flow actuel scandé tout en darija, les Hoba Hoba Spirit, originaire du Maroc, musiciens et chanteurs passionnés et pétris de créativité étaient très attendus pour un retour à une rythmique endiablée.
Défricheur, ce 19e festival a révélé de nouvelles voix, propulsant des tonalités encore peu explorées comme Blitz The Ambassador, issu des rives du Ghana, fait appel à une influence ouverte, à coup de sons afrobeat et hip-hop. Et cet événement, a été l'occasion de renouer avec l'énergie d'artistes nous ayant déjà largement conquis par le passé, toujours enracinés dans une musique des plus libres, dont on retient les concerts de Christian Scott, ou encore Jeff Ballard Trio.