À 30 km à l'est de Meknès, le site archéologique d'El Gour dévoile un mausolée circulaire en pierres de taille, classé sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1995. Ce monument funéraire, décrit pour la première fois en 1903 par le marquis de Segonzac, représente un exemple de l'architecture berbère ancienne.
La structure principale, une bazina à degrés, se compose de deux enceintes concentriques construites en pierres soigneusement taillées. Les fouilles menées en 1959 ont révélé que l'édifice original atteignait probablement 9,20 mètres de hauteur. À 35 mètres au nord-est, une plate-forme rectangulaire aujourd'hui disparue complétait l'ensemble, dont l'orientation précise suggère un possible usage rituel lié aux solstices.
La fosse funéraire centrale, mesurant 6 mètres sur 5, a livré peu d'objets mais des indices précieux : fragments de verre, pendeloque en bronze et traces de feux rituels. L'absence de chambre funéraire maçonnée rappelle les traditions d'inhumation protohistoriques nord-africaines.
La datation du monument a longtemps fait débat. Les analyses au carbone 14 ont finalement confirmé une construction vers 640 apr. J.-C., correspondant à la période de transition entre les dominations byzantine et arabe. Cette datation tardive contraste avec certaines techniques de construction évoquant des méthodes plus anciennes.
Malgré son importance historique, le site reste vulnérable. Les pillages et restaurations inappropriées ont endommagé certaines structures, comme l'autel adjacent aujourd'hui disparu. Pourtant, le Gour constitue un témoignage unique des traditions funéraires berbères à l'aube de l'islamisation.