Trois artistes femmes se rencontrent le temps d’une exposition collective à l’Espace Rivages. Amina Hamri vit en Allemagne et Nima Guitouni au Canada, les deux sont autodidactes. Noura Mennani réside en Belgique et enseigne les arts plastiques. Elles ressentent une véritable passion pour la création artistique.
Rencontre
e-taqafa : Quelle est votre démarche artistique ?
Amina Hamri : Ma relation et mon parcours artistique ont commencé dès mon enfance, ayant grandi au sein d'une famille artistique, l’amour et la passion pour l’art ont guidé ma création dans des tons abstraits Mon père, Mohamed HAMRI et mon frère, Abdelatif EL Abdi, ont été des figures marquantes qui ont influencée ma démarche.
Noura Mennani : Ma démarche artistique s’inscrit dans une esthétique pop art, j’utilise des couleurs vives et contrastées pour accentuer les traits. Mes portraits mettent en avant des femmes élégantes et affirmées, qui dégagent une forte personnalité, souvent ornées de lunettes imposantes. Mes œuvres ont une dimension presque illustrée ou sérigraphiée. Il s’agit d’un dialogue entre différentes époques et styles artistiques dans une influence vintage, une élégance des années 60-70.
Nima Guitouni : Je suis une artiste peintre autodidacte dont le travail se distingue par une approche innovante de l'art abstrait. Ma démarche artistique est le fruit d'une exploration personnelle et d'une quête constante de nouvelles formes d'expression. Mon art est profondément inspiré par la nature, les cultures diverses, les émotions et les événements de la vie.
E-taqafa : Comment vivez-vous votre expérience en tant qu’artiste d’origine marocaine vivant à l'étranger?
Amina Hamri : Je trouve que c’est une expérience qui permet de nombreuses opportunités, des moyens variés et un soutien important de la part des institutions culturelles qui encouragent les artistes à créer et à persévérer, aussi bien sur le plan matériel que moral. De plus, le public possède une éducation visuelle et un véritable intérêt pour l’art sous toutes ses formes.
Noura Mennani : Ces deux identités se rencontrent bien souvent dans mon art. L’énergie du Maghreb dialogue avec l’avant-gardisme européen. Je célèbre cette dualité comme une force qui raconte des histoires. Mon art devient un pont, un code à la diversité et à la beauté du métissage, une manière de raconter mon histoire sans frontières.
Nima Guitouni : Ma vie en tant qu'artiste peintre au Canada est agrémentée de défis. Bien que la scène artistique soit riche et diversifiée, il est difficile de percer dans un marché aussi concurrentiel. Se faire connaître, trouver des galeries ou des espaces d'exposition et attirer l'attention du public nécessite des efforts constants. Il faut aussi travailler très dur afin de coordonner entre la création artistique, la gestion de la carrière et le financement des projets. Malgré la passion et la détermination, il n’est pas toujours facile de se faire une place dans un milieu où la compétition est féroce. Chaque défi surmonté est aussi une opportunité de croissance et de développement.
E-taqafa : Que représente pour vous cette exposition à l’Espace Rivages ?
Amina Hamri : Je suis reconnaissante envers la Fondation Hassan II pour les MRE, qui offre l'opportunité d'établir un lien avec les Marocains résidant à l’étranger et de valoriser leurs talents artistiques dans leur pays d’origine. Je considère cet événement comme une véritable célébration artistique, une occasion précieuse qui me permet de renouer avec mon pays, d’en respirer le parfum, d’en savourer la chaleur et la beauté naturelle.
Noura Mennani : Exposer à l’Espace Rivages est une immense opportunité et une reconnaissance précieuse. C’est une chance de tisser des liens entre deux cultures et faire dialoguer mes influences européennes et marocaines à travers mon art. C’est aussi un espace prestigieux, un lieu où mes œuvres peuvent raconter une double histoire.
Nima Guitouni : L'exposition à l'espace Rivages et dans mon pays d'origine représente pour moi un moyen profond de me lier à mes racines et de partager ma vision artistique avec le public marocain. C’est aussi une occasion de mettre en lumière mon parcours artistique, de célébrer ma culture tout en exprimant mes émotions et mes inspirations. Cela permet aussi d’établir un lien direct avec les gens qui comprennent et partagent les mêmes références culturelles, tout en ouvrant un espace de dialogue autour de mon travail. C’est une façon de contribuer à la scène artistique marocaine, celle de mon pays d’origine.
Propos recueillis par Fatiha Amellouk pour e-taqafa.ma