Nous avons choisi de travailler avec des designers créateurs dans le domaine de la mode. Nous les avons invités à laisser leur se déployer leur talent et leur imaginaire. Nous leur avons demandé de créer pour cette occasion des œuvres non pas de la mode mais relevant de l’art contemporain. Cette aventure peu commune, ce moment de détournement d’une pratique, nous l’avons nommé Briser la Glace.
L’entreprise ne fut pas de toute facilité, car nous avions à faire à des créateurs qui avaient déjà acquis une notoriété dans le domaine de leur pratique et ne leur était donc pas facile de prendre le risque d’aller vers de régions de la création artistiques les plus incertaines ; l’art contemporain en l’occurrence. Par ailleurs, ce qui leur a été demandé n’était pas un délassement ou un hobby en vue d’occuper leurs mains dans leurs moments oisifs. Il s’agissait de fournir un travail capable de relever le défi d’aller conquérir, en véritables artistes plasticiens, la galerie, lieu de présentation de l’art ; en d’autres termes on leur demandait d’aller signer la première œuvre artistique accomplie.
Le défi était de taille ! Sur les deux dizaines d’artistes que nous avons rencontrés ou dont nous avons reçu les dossiers, trois seulement ont retenu notre attention autant par leurs propositions artistiques que par leur persévérance et leur ténacité. Il s’agit d’Amina Aguzenay, créatrice de bijoux, Noureddine Amir et Saïd Mahrouf créateurs de mode. Cette aventure si particulière que nous avons mené avec ces trois créateurs a montré, aux initiés à l’art aussi bien qu’aux amateurs, que les lignes qui séparent les pratiques artistiques n’existent que dans l’imaginaire. En renouant avec le langage universel de l’art : la matière et l’espace, les trois artistes ont interrogé les mêmes problématiques qui préoccupent l’humanité depuis sa primitive naissance et existence sur terre.
S’appuyant sur sa double formation d’architecte et de créatrice de bijoux, Amina Agueznay a reposé le problème de l’existence et de son lieu d’advenance, la demeure, en des termes des plus simples.
Noureddine Amir nous a réconciliés avec le plaisir de la manipulation de la matière. En fait, nous oublions que ce créateur est toujours appelé à travailler sur des textures lisses et délicates, Briser la glace lui a fourni l’occasion de reprendre contact avec la matière rugueuse dans sa forme primaire. La joie de la matière.
Saïd Mahrouf, par sa performance nous a donné l’occasion de revoir notre relation avec l’espace : l’espace public/l’espace privé où l’humain se libère des contraintes de l’architecture et des lois de l’urbanisme et voltige tel les anges dans un espace de rêve.