Regard ténébreux, sourire en bannière, charisme débordant, Tewfik Jallab n'est plus un jeune premier. Au fil des films, son jeu s'est épaissi et a gagné en densité. Actuellement à l'affiche de « L'Outsider » de Christophe Barratier, il se délie sans détours. Il se dessine un esprit libre qui explore tous les cinémas depuis « La Marche » au « Convoi ». Il nous a accordé un entretien alors qu'il vient d'achever le tournage du prochain film de Nadir Moknèche.
e-taqafa : Parlez-nous de votre rôle dans « L'Outsider » sorti en 2016 ?
Tewfik Jallab : J'y incarne un booker, en contact très étroit avec Jérôme Kerviel, je suis un peu son confident à un moment du récit, l'une des rares personnes à qui il a confié son secret et je l'aide en quelque sorte à placer une certaine somme : c'est assez complexe. « L'Outsider », retrace avec fidélité la chute de Jérôme Kerviel, suit son cheminement, l'avant et l'après.
e-taqafa : Vous avez aussi tenu le haut de l'affiche du « Convoi » réalisé par Frédéric Schoendoerffer, qu'en retenez-vous ?
Tewfik Jallab : Frédéric Schoendoerffer est un grand cinéaste de films de genre. Il faisait de plus, partie des réalisateurs avec qui, j'avais envie de travailler. De nombreux comédiens souhaitent devenir acteurs en voyant ses films. Ce cinéma, hérité du Nouvel Hollywood, est très jouissif pour un comédien : on est au plus fort de la vie parce qu'on touche à l'illégal, c'est de l'ordre de l'extraordinaire. Il n'y a rien de plus excitant : prendre une porte interdite. Ces jeunes trafiquants issus de banlieue ont inventé un système quasi-militaire, ils ne sont pas dénués d'intelligence.
e-taqafa : Avez-vous vécu en banlieue ?
Tewfik Jallab : J'ai grandi à Argenteuil, dans un quartier situé au cœur d'une immense cité entourée d'autres quartiers sensibles. Certains de mes amis ont choisi le chemin de l'illégalité, d'autres, ont suivi des études supérieures. On a grandi dans le même environnement, fréquenté les même écoles, un autre ami a créé sa marque de vêtement, il est designer. Comment expliquer tant de choix et de destins différents...
e-taqafa : Vous avez également une belle carrière au théâtre. Jouer un voyou, vous a plu ?
Tewfik Jallab : J'ai remarqué que les femmes aiment bien les voyous, le côté transgressif qui leur est associé… (Rires !) « Le Convoi », est un film qui m'a permis de m'extraire des rôles habituels. On me propose souvent des choses assez cérébrales. J'ai vraiment eu envie de ce genre de films : l'alternance me plaît énormément. Cette année a été la plus riche en termes de rôles. J'ai aussi tourné une série futuriste destinée à Arte. Finalement, être acteur, c'est parvenir à voguer entre les lignes. Explorer l'opposé, me surprendre moi-même.
e-taqafa : Déjà présent pour « La Marche » film qui concourrait en compétition officielle au 13e Festival International du Film de Marrakech, vous êtes venu au Maroc présenté « Le Convoi », au printemps dernier lors du Festival du Film Français c'est important pour vous ?
Tewfik Jallab : Oui, c'est toujours très important d'être présent au Maroc, c'est aussi mon pays. J'en suis très honoré et très fier, et c'est une terre de cinéma. J'aime beaucoup partager mon travail avec le public marocain et ici, le cinéma est très actif et porté par de jeunes réalisateurs plein d'élan que j'aime rencontrer, c’est un plaisir d’échanger ensemble.
Propos recueillis par la rédaction