Mohamed El Baz est né à la ville d’El Ksiba, au Maroc, en 1967. Il est diplômé en arts plastiques de l’École Régionale des Beaux-arts de Dunkerque en France en 1989. L’artiste marocain vit et travaille aujourd’hui entre Casablanca et Lille.
Mohammed El Baz traite les concepts des frontières et de tout ce qui crée des barrières entre les individus.
e-taqafa : Quelle démarche artistique adoptez-vous ?
Mohamed El Baz : Après mes études en art, je me suis posé la question comment nommer mon travail ? C’est à ce moment-là que j’ai trouvé un titre générique pour l’ensemble. À la manière d’un film.
e-taqafa: Avez-vous choisi l’art ou bien c’est l’art qui vous a choisi ?
Mohamed El Baz : D’une certaine manière, l’un et l’autre… J’ai toujours voulu mettre en avant ma vie et celle des miens pour parler aux autres. La pratique artistique s’est imposée dans ce sens. Je crois en l’art sous ses différentes formes, et à la vie sous ses différentes formes. Quand on comprend que l’art est une manière de vivre, on décide d’en faire un mode de vie. Avec tous les risques que cela suppose.
e-taqafa : Comment votre vécu a-t-il influencé l’artiste que vous êtes aujourd’hui ?
Mohamed El Baz : Mon vécu quotidien est une donnée essentielle pour mon travail d’artiste… Je suis parti de la famille, j’ai continué avec ce sujet longtemps, je suis arrivé à un point où j’ai fondé ma propre famille, maintenant j’essaie d’analyser mon vécu.
e-taqafa : Avez-vous des rituels ou bien des habitudes avant de commencer à créer ?
Mohamed El Baz : Je travaille sur mon ordinateur, je regarde des films, je lis des livres, je marche dans la ville, je regarde et des fois quelque chose sort de ces expériences. Sinon mon grand rituel c’est de me demander : que veux-tu pour les prochaines années à venir ? J’essaie de comprendre tout en étant conscient de ce qui se passe. Les artistes ne sont pas différents des autres humains qui occupent des activités réelles. Nous faisons ce que nous avons à faire, en bien ou en mal.
e-taqafa: Quelle est l’exposition qui vous a marqué le plus ? Et pourquoi ?
Mohamed El Baz : Si je me rappelle bien, c’est une exposition de Georges Rodger, aussi les photos de mode de Helmut Newton… C’est bien eux qui m’ont donné l’envie de regarder le monde sans tristesse absolue, malgré les désastres…
e-taqafa: Avez-vous des thèmes de prédilection?
Mohamed El Baz : Oui je me répète beaucoup, en faisant toujours attention à ne jamais refaire la même chose… Je déteste les artistes qui se répètent.
e-taqafa: Travaillez -vous sur d’autres thèmes ?
Mohamed El Baz : Je n’ai pas réellement de thème précis, j’ai un mode de vie… « L’Art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art » comme disait Robert Filliou. Je n’ai pas de thème comme certains artistes qui poussent le motif jusqu’au bout. Je travaille sur ce qui m’inspire et c’est pour cela que rien ne se ressemble.
e-taqafa : La lumière est très présente dans vos œuvres, pourquoi ?
Mohamed El Baz : J’ai toujours voulu que mes œuvres s’éclairent elles-mêmes, d’où la décision d’utiliser certaines techniques qui génèrent leur propre énergie. Généralement, on accroche des tableaux et ensuite on les éclaire, les mettre en scène. Dès le début de mon projet, j’ai décidé que mes œuvres s’éclairent de l’intérieur en quelque sorte. C’est ce qui explique cette volonté de donner une indépendance au travail.
e-taqafa : Comment s’explique le choix des couleurs utilisées dans vos œuvres ?
Mohamed El Baz : C’est plutôt, une envie d’immersion… J’aime vivre dans une œuvre. L’installation permet d’entrer dans un travail, une œuvre, une sensation, un environnement. Plus qu’un simple tableau, c’est une fenêtre qui nous fait entrer dans une situation…