Après Leïla Alaoui et Daoud Ouled Sayyad, exposés en 2016, la Maison Européenne de la Photographie à Paris, connue communément sous l’appellation MEP, reçoit cette fois-ci en grande pompe l’artiste marocain Hassan Hajjaj, que d’aucuns surnomment le nouveau pape du Pop art et que feu Rachid Taha avait qualifié avec son humour coutumier d’Andy Whaloo ! Ainsi, du 11 septembre au 24 novembre 2019, Hajjaj investira l’ensemble des espaces de la MEP pour un voyage qui va au-delà de la Méditerranée. Pour cette carte blanche, Hassan Hajjaj invitera de jeunes photographes marocains pour l’accompagner dans cette belle aventure.Le nouveau directeur de la MEP, le britannique Simon Baker a été séduit par le « génie patchwork » de l’artiste marocain dont l’alchimie des matières, des couleurs et des postures traduit une manière marocaine décontractée, tantôt exotique, tantôt anecdotique. Les corps sont décomplexés et bien à l’aise.
C’est sur une surface de 1 660 m2 de galeries que se déploiera le travail de Hajjaj réparti entre photos et matériaux estampillés HH, ou Hassan Hajjaj. C’est dans les sources colorées, bariolées et tout en mixture du Maroc que ce dernier puise son inspiration pour recomposer un univers qui se donne à voir et à lire avec jubilation et émerveillement. Cette esthétique nous la trouvons dans la culture populaire et dans l’art brut : couleurs des fêtes, des Moussems, des places publiques, ou dans les intérieurs marocains. Hassan Hajjaj draine avec lui un imaginaire foisonnant d’enfant du peuple. De la table au panier en passant par le miroir, les babouches, la boîte de tomate ou de sardines, les boîtes d’allumettes ou les bouteilles… tous ces matériaux sont des objets de détournement et de contournement. Hajjaj y injecte des éléments insolites de modernité qui finissent par créer de la dérision, de l’autodérision et de l’absurde. N’oublions pas l’horizon africain vers lequel est tourné le travail de Hajjaj ; un horizon bruissant de musique et scintillant de couleurs.
Après Londres et d’autres capitales européennes et africaines, il était temps que Paris reconnaisse et consacre le travail cosmopolite de Hassan Hajjaj.