Chaïbia Talal : Femme, artiste et légende

Image de couverture: 

Chaïbia Talal (1929 - 2004) est  une artiste peintre marocaine emblématique, représentant l'art naïf. Née en 1929 à Chtouka, près d'El Jadida, elle a grandi dans un environnement rural. À l'âge de 13 ans, elle s'est mariée avec un homme plus âgé et est devenue veuve à 15 ans, tout en élevant son enfant.

Chaïbia a commencé à peindre en 1963, inspirée par une vision spirituelle lui intimant de s'exprimer à travers la peinture. Autodidacte, ses premières œuvres étaient réalisées avec des matériaux simples comme le carton et le bois, qu'elle peignait avec ses doigts. Son talent a été découvert par le critique d'art Pierre Gaudibert, qui est devenu un fervent défenseur de son travail.

Sa première exposition a eu lieu en 1966 au Goethe-Institut de Casablanca, marquant le début de sa carrière internationale. Au cours des années suivantes, elle a participé à de nombreuses expositions prestigieuses, dont le Salon des indépendants, la FIAC et la Biennale de La Havane. Son travail a souvent été comparé à celui du groupe Cobra et elle a été saluée pour ses représentations colorées et stylisées de femmes et de scènes de la vie quotidienne.

Ses œuvres sont intégrées dans des collections importantes, notamment à l'Institut du monde arabe à Paris, au Fonds national d'art contemporain à Paris et au musée d'art vivant à Tunis. Chaïbia a également exposé à l'international, notamment au Japon, aux États-Unis et en Europe.

En mai 2003, elle a reçu la médaille d'or de la Société académique française des Arts-Sciences-Lettres, soulignant son impact dans le monde de l'art. Elle est décédée le 2 avril 2004 à Casablanca d'une crise cardiaque.

L'héritage de Chaïbia est célébré par divers hommages. La journaliste Nicole Arbousset souligne la profondeur de son expression artistique, tandis que l'écrivaine Fatima Mernissi lui dédie une lettre intitulée "Chaïbia ou la sincérité à la source de l'art". Un documentaire intitulé "Chaibia, la paysanne des arts" a été projeté lors du Festival national du film de Tanger et un boulevard à Casablanca porte son nom, témoignant de son influence sur l'art marocain et au-delà.