Par ailleurs, et vu l’impact produit sur le mouvement artistique marocain, plusieurs groupes voient le jour dans les principales villes marocaines et par la suite dans tout le Maghreb, lesquels empruntaient le même schéma, utilisaient les mêmes instruments, puisaient leurs mélodies et leurs textes dans les musiques et la poésie populaires maghrébines.

Novateur, le groupe le fut, entre autres, sur le plan de la présentation scénique. Imitant les groupes Pop-folk européens et américains, il a radicalement rompu, sans la renier, avec la chanson orientale des divas et des ténors égyptiens conçue selon le schéma voix /orchestre symphonique/chœurs. Par cette nouvelle forme de présentation, le Ghiwane a remis à l’honneur ce qu’il est convenu d’appeler la chanson-dialogue inspirée par la halqa[3], spectacle de place publique où l’assistance participe fortement autant à la mise en scène qu’au dialogue, et qu’on retrouve de nos jours sous la forme des spectacles de rue.

Le jeu instrumental et la performance vocale de chacun des membres du groupe participaient à l’élaboration du message auquel le public était appelé à participer, car souvent invectivé durant les concerts, et qui, à l’instar de ce qui se produit lors des spectacles halqa, intervient sur scène, faisant montre de sa solidarité avec l’artiste.

Dans ce sens, la signature collective des textes du nom du groupe, les combinaisons vocales, les dialogues entre instruments, voix en solo et chœur, tous ces éléments s’entremêlent pour créer une singulière harmonie et une parfaite communion entre gestes, textes et musiques.

A titre indicatif, les groupes Jil Jillala, Lemchaheb, Nouwas el Hamra, Lerssad, Essiham, ou encore Alwane pour le domaine arabe, Ousmane, Izenzaren et Iaachaqen pour le domaine amazigh, sont venus rivaliser avec le Ghiwane et enrichir la chanson contemporaine marocaine. La production de ces groupes n’aurait toutefois pas été accessible à un large public sans le développement et la presque généralisation des moyens de diffusion, disque et cassette principalement, et n’aurait pas permis à l’expression ghiwannienne d’avoir le succès qu’on lui connaît.